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Ce n’est plus un secret, les actifs non cotés ont la cote auprès des investisseurs privés. Mais cette tendance n’en fait pas moins une classe d’actifs compliquée sur le plan de l’investissement, de l’administration et de la gestion de la liquidité. Estelle Dolla, cofondatrice et présidente de Private Corner, et David Liebmann, deputy sales director Europe chez Lombard International Assurance, expliquent les avantages à investir en private equity via l’assurance -vie luxembourgeoise, mais aussi les points de vigilance à garder en tête pour les investisseurs les plus aguerris.


Décideurs. Quels critères sont primordiaux dans le choix d’allocation d’actifs en assurance-vie luxembourgeoise ?

Estelle Dolla. Selon moi, c’est l’alliance de trois facteurs que sont le degré de diversification souhaité, les exigences en matière de qualité des sous-jacents et les besoins en matière de conseil et d’ingénierie patrimoniale du client. Sur cette base, le conseiller financier déterminera si oui ou non l’assurance vie luxembourgeoise représente la solution patrimoniale adéquate.

David Liebmann. Nous pourrions ajouter un quatrième point : l’adéquation. Du point de vue de l’allocation d’actifs via l’assurance-vie luxembourgeoise, il est certes intéressant de mettre en avant la qualité des sous-jacents, mais encore faut-il avoir une offre en adéquation avec les différents besoins et profils de clients. En ce sens, au-delà de l’offre disponible, le service est primordial.

Quels atouts pour un particulier de choisir l'assurance-vie luxembourgeoise pour investir en private equity ?

E. D. Le vaste choix des différentes typologies de sous-jacents disponibles donne une certaine flexibilité et, in fine, la possibilité de construire une allocation véritablement diversifiée. Le différé d’imposition offert par l’assurance-vie luxembourgeoise lui donne un avantage comparé à un investissement en direct, les plus-values de cession pouvant être capitalisées au sein de l’enveloppe assurantielle avec la possibilité de les réinvestir en sursis d’imposition.

D. L. Le cadre réglementaire de l’assurance-vie luxembourgeoise offre l’univers d’investissement le plus large en Europe, y compris dans les classes d’actifs non traditionnelles comme le private equity. Ce sont 14 % de nos actifs sous administration en Europe qui sont aujourd’hui investis dans ces classes d’actifs, et ce chiffre est en constante croissance. Grâce à nos 1000 gestionnaires d’actifs partenaires, nous donnons accès à un très large choix d’actifs. Le conseiller a ainsi la possibilité de construire avec son client une véritable allocation d’actifs sur mesure et diversifiée, en s’appuyant sur les différentes unités de compte disponibles comme le Fonds interne dédié (FID) ou le Fonds d’assurance spécialisé (FAS). Le private equity prend de plus en plus d’ampleur dans les allocations, facilité par de nouveaux intermédiaires sur le marché comme Private Corner, qui viennent eux-mêmes apporter de la valeur ajoutée à ces produits. L’écosystème devient beaucoup plus rationnalisé et ouvert.

A quelles typologies de clients s’adresse-t-on ?

D. L. Même si le private equity s’est largement démocratisé sur les quinze dernières années, cela reste une classe d’actifs réservée à des investisseurs avertis ou avec un patrimoine financier déjà bien établi et diversifié. Les assureurs luxembourgeois ont d’ailleurs largement œuvré à démocratiser cet accès en facilitant les aspects contractuels et administratifs. Chez Lombard International Assurance, nous ne proposons pas de fonds euros et nos contrats luxembourgeois sont 100 % en unités de compte. Nous constatons aujourd’hui que le contexte de marché accroît la demande des clients pour intégrer le private equity dans leur allocation, afin d’aller chercher plus de rendement. Le curseur du couple rendement/risque s’est clairement déplacé vers plus de risque au sein des allocations. Ce qui n’était encore qu’une classe d’actifs exploratoire il y a une dizaine d’années devient aujourd’hui la norme de toute allocation d’actifs diversifiée, aux côtés de classes d’actifs plus traditionnelles comme les actions ou obligations cotées.

Comment investir concrètement via l’assurance-vie luxembourgeoise ? Qui décide ? Y-a-t-il des conditions particulières à respecter pour accéder à certaines classes d’actifs

D.L. Au sein du contrat d’assurance-vie luxembourgeois, la personne décisionnaire sur les investissements peut être une ou plusieurs société(s) de gestion sélectionnée(s) par le client puis mandatée(s) par l’assureur dans le cadre d’une gestion discrétionnaire, toujours en adéquation avec le profil de risque du souscripteur. Cela peut également se faire par un conseiller en investissements ou encore le souscripteur lui-même dans le cadre d’une gestion libre ou conseillée. Nous avons le maximum de flexibilité et notre rôle est plus celui d’un "homologateur" que d’un sélectionneur, là où le rôle de Private Corner est d’aller chercher les meilleures opportunités dans le marché et de les structurer de manière à en faciliter l’accès. 

E. D. Notre objectif était de donner un accès facilité à des fonds qui normalement ont un ticket d’entrée de plusieurs millions d’euros, et donc inaccessibles pour la plupart des investisseurs privés. Ainsi nous agrégeons les souscriptions de plusieurs investisseurs privés au sein d’un véhicule ad hoc (fonds feeder) qui lui-même investira dans le(s) fonds maître(s). En complément de l’expertise en matière de due diligence pour la sélection des meilleures équipes de gestion et de rationalisation du ticket minimum d’investissement, nous avons développé une plateforme digitale afin d’offrir à nos clients et partenaires une expérience de souscription optimisée, une transparence totale en matière de reporting, mais aussi un accès simplifié et à tout moment à notre offre.

Comment gérer les problématiques d’appel de fonds et de liquidité inhérentes au private equity au sein de l’assurance-vie luxembourgeoise ?

D. L. L’investissement, la gestion, l’administration et la cession d’actifs non cotés requièrent une expertise particulière. Nous sommes le seul assureur en Europe à disposer d’une équipe dédiée de quatorze personnes, qui réalise les investissements et s’assure du suivi des positions et de leur cession, le cas échéant. Les appels de fonds sont inhérents au private equity et demandent une expertise et un suivi dédiés. En tant qu’investisseur pour le compte de nos clients, nous assurons cette responsabilité. Pour cela, nous collaborons notamment avec les banques dépositaires où sont enregistrées les positions, mais aussi avec les équipes d’investissement avec lesquelles nous avons développé des relations pérennes.

Quelles sont les tendances que vous observez en tant qu’assureur luxembourgeois ? Et en tant que plateforme d’investissement ?

D. L. Aujourd’hui, nous parlons énormément de private equity, d’actifs réels… comme si cela devenait une forme d’évidence. Mais il faut garder à l’esprit que cela reste une classe d’actifs sophistiquée et parfois complexe à appréhender. La multiplication des acteurs et des stratégies disponibles rend très difficile pour un investisseur de sélectionner, réaliser et suivre ses investissements seul. Cela requiert l’aide de professionnels qui auront l’expertise nécessaire pour la réalisation des due diligences et pour assurer la responsabilité de gate keeper.

E. D. Un intérêt croissant pour le non coté demeure mais il existe encore beaucoup d’opacité derrière certaines offres d’investissement. Nous avons donc mis l’accent sur la transparence, la qualité et l’efficience du service, ainsi que sur l’accompagnement dans la durée. Cela nous permet d’être partenaires dans une logique tripartite avec l’assureur et le conseiller pour  procéderle mieux possible dans l’intérêt du client final et du distributeur.

 Le non coté est une classe d’actifs sophistiquée
complexe à appréhender.