La récente pandémie a davantage souligné l’importance pour les familles fortunées de repenser leur stratégie patrimoniale, élargissant le débat au-delà de la simple transmission, pour se concentrer sur la réalisation de leurs aspirations extrafinancières, vues sous le prisme des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG). 
 

Cependant, les préjugés sur les faibles rendements des investissements ESG sont encore présents dans les esprits. Ainsi, 58% des particuliers fortunés et très fortunés estiment encore que l’investissement durable induit un sacrifice de rendement sur le long terme [1] , 23% d’entre eux estimant même ce sacrifice équivalent à deux chiffres sur cinq ans. De plus, l’absence d’un cadre commun clair en matière d’ESG, l’existence de terminologies prêtant à confusion et les multiples critères de reporting continuent d’entraver une transition plus globale et harmonisée vers des portefeuilles d’investissement durables.

La réalité est que les familles fortunées et très fortunées ne font encore que défricher l’initiative ESG. Bon nombre d’entre elles sont encore réticentes à accroître l’exposition de leurs portefeuilles au-delà de 10% à 20% d’investissements ESG, y voyant, pour le moment, plus un outil de diversification de leurs portefeuilles qu’un principe d’investissement en soi. Afin d’aider leurs clients à en déchiffrer les rudiments, à modéliser leurs propres valeurs dans un cadre commun et à élaborer des portefeuilles plus durables – et ainsi accroître leur intérêt pour cette approche d’investissement –, l’ensemble des acteurs de la gestion de patrimoine doivent entreprendre une approche structurellement plus proactive.     

D’une simple tendance à un cadre d’investissement normatif: la réponse réglementaire


Le flou au sujet de la définition des critères ESG constitue un terrain inconnu pour les investisseurs, entraînant une confusion généralisée autour des produits et initiatives qui prétendent offrir des opportunités d’investissement ESG. Par conséquent, la réglementation en matière de finance durable continue de se développer, se transformant parfois en véritable casse-tête, même pour les gestionnaires de fonds les plus expérimentés. 

Toutefois, cette dernière joue un rôle considérable dans l’essor de l’investissement durable en lien avec les critères ESG, bien que la réponse s’avère complexe. Le puzzle réglementaire que représentent la réglementation SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), le réexamen de la Directive sur la Distribution d’Assurances (DDA) et la Taxonomie ne constitue que quelques facteurs de l’équation pour notre secteur. La Commission européenne a récemment franchi une étape importante dans la mise en œuvre d’un cadre juridique européen sur la finance durable, en adoptant des recommandations sur la Taxonomie au sein de l’UE, dont le texte est à l’heure actuelle en cours de revue auprès du Parlement européen et du Conseil.

Une fois instauré, le cadre réglementaire donnera une grille de lecture plus claire des critères ESG et de la finance durable, en établissant une feuille de route concrète ainsi que des fondations solides sur lesquelles les acteurs de notre secteur pourront s’appuyer et auxquelles les investisseurs pourront se fier. Cependant, cela ne dispensera pas les acteurs de la gestion de patrimoine et des services financiers d’assumer leur part de responsabilité afin d’en promouvoir la bonne compréhension et mise en place.

Favoriser un dialogue ouvert et actif


Au cœur du secteur de la gestion de fortune, le secteur de l’assurance-vie en unités de compte peut jouer un rôle central et actif dans la définition, l’intégration et l’utilisation de critères ESG afin de permettre la création de portefeuilles d’investissement plus durables pour les clients fortunés et très fortunés. Alors que l’assurance-vie luxembourgeoise en unités de compte est de plus en plus utilisée comme une plateforme d’investissement offrant flexibilité, portabilité internationale, large choix de supports et accessibilité digitale, notre secteur a clairement une opportunité à saisir pour faciliter l’investissement ESG. Pour cela, les compagnies du secteur doivent engager un dialogue ouvert et actif avec leurs partenaires, conseillers patrimoniaux et gestionnaires d’actifs, afin de proposer à leurs clients des solutions de planification patrimoniale et successorale facilitant la construction de portefeuilles d’investissement diversifiés et performants, avec des critères ESG pertinents clairement définis et mesurés.

Afin d’inciter les professionnels du patrimoine à engager le dialogue, plutôt que d’attendre que leurs clients abordent de manière spontanée cette thématique d’investissement, ils ont besoin que leurs partenaires assureurs, entre autres, s’engagent à veiller à ce que les structures d’investissement appropriées soient disponibles pour permettre une transition vers une stratégie plus durable, tout en conservant les nombreux avantages en matière de planification patrimoniale et successorale offerts par l’assurance-vie en unités de compte. Ainsi, nous serons en mesure de permettre aux professionnels du patrimoine d’intégrer de manière proactive et flexible les facteurs ESG au cœur de leur conseil.